samedi 25 août 2007

Biographie de Amar Ezzahi


Amar Ezzahi: Maître du blues Algérois


« Les chanceux sont ceux qui arrivent à tout, les malchanceux ceux à qui tout arrive. »
Proverbe populaire



De son vrai nom Amar Aït Zaï, né 1er janvier 1941 à Ain El Hammam (Tizi-Ouzou), C'est en écoutant Boudjemaa El Ankis, dans les années 60, qu'il aima le chaâbi.
Sa première rencontre avec la musique fût avec une dame Allemande qui lui apprenait le piano...
Ezzahi se fera un chemin dans le chaâbi après la rencontre en 1963 avec cheïkh Lahlou et Mohamed Brahimi dit cheïkh Kebaïli qui le conseillèrent et l'encouragèrent tout en lui remettant des anciennes qacidate et l'initièrent au rythme de chanson de ces textes. La suite, il la fera avec Kaddour Bachtobji qui l’accompagnera durant près de deux décennies, avec lequel il a commence à travailler en 1964. Il écoutera d’une oreille attentive les compositions de Mahboub Bati. Ezzahi put alors développer sa pratique musicale. Autodidacte, il apprendra le chaabi sur le tas.

Son premier enregistrement date de 1968, Ya djahel leshab et Ya el adraâ furent les deux premières chansons de son premier 45t qui le propulseront parmi les meilleurs chanteurs de sa génération. La musique et les paroles étaient de Mahboub Bati. En 1971, il enregistre trois 45t et en 1976, deux 33t. II compte trois chansons à la radio et quatre autres à la télévision. Comme Sali trache qelbi, Dik echemaâ et autre Mahajti b’dhya chemaâ.

Sa première cassette « Ya rab El I bad » sort en 1982, s’en suit après quelques enregistrements en studio « Ya Dif Allah, El Djafi, Hadjam El Ouala3ine, Zennouba, Ya Kadi nass El Ghram, Nabiwni Radou Ledjouab, Ya’l Ghafel Toub, Ghadder kassek Hat Noubti, El Harraz, Koub ou’ara, Youm El Khmis, Men Houa Rouhi W’rahti, Anaya Berrani Ghrib, Mir El Ghiwane, Asmaa Noussik Ya Insane »
Modeste, réservé, se confiant rarement, fréquentant souvent le café ''El Kawakib", Ammar Ezzahi, l'un des plus brillants interprètes du chaabi des années 70, disparaît pratiquement de la scène artistique à partir de 80 et n'est présent que lors des fêtes familiales. Il réapparaît le 10 février 1987 dans un récital à la salle Ibn Khaldoun à Alger, où il interpréta entre autre « El Kaoui, Ghadder Kassek Ya Ndim, Taleb Tiri Aalla, Mekka y’al **** El Haoui, El Harraz » pour s'effacer à nouveau

Depuis 2000, Ezzahi n'a plus réapparu en public et est rarement retourné à El Kawabib « l’Etoile de la Rampe Vallée », par suite de problèmes de santé. Le chanteur le plus populaire et le plus talentueux de sa génération est maintenant considéré comme une véritable énigme dans le monde de la musique. Totalement retiré du circuit des médias depuis plusieurs années, Ezzahi laisse ses nombreux admirateurs sur leur faim.
Sans doute, décèlera-t-on, ce trait de caractère dans l’une de ses premières chansons. « Ô lune, je n’ai pas besoin que tu te poses dans mes bras Je n’ai pas besoin que les étoiles me gratifient d’une danse nadawia » Une complainte comme il en a tant chanté.

C’est que l’homme a horreur des mondanités et du superflu. Modeste, simple et généreux, intolérant face à la verbosité et aux excès, il a fait du chaâbi sa raison de vivre. Sa renommée, il la doit à son immense talent qu’il met à la disposition des humbles gens comme lui. S’il refuse de se produire devant le grand public, il trouve en revanche un immense plaisir dans les réunions familiales intimes, car, dit-il, « chanter devant un petit parterre d’amis et de connaissances vaut toutes les sensations du monde »
Abderahmane Kobbi en est un, qui a débuté pratiquement à la même période que Ammar. Il en garde un souvenir vivace. « Ammar est à mes yeux un grand chanteur qui a énormément apporté à la musique algérienne, particulièrement au chaâbi. Il l’a enrichi et rendu plus populaire. J’ai d’excellents rapports avec lui. On se rencontre souvent dans des concerts ou en privé. C’est un ami avant d’être un musicien, dont j’apprécie le style et la manière d’interpréter les qacidate » Interprète type du « blues » algérois, Ammar puise sa force dans l’improvisation. Il peut changer de mode avec une facilité déconcertante.
Orphelin de mère et de père, Ezzahi a longtemps vécu avec sa seule tante. Celle-ci est décédée il y a quelques années, créant un vide dans la vie de Ammar qui a ainsi retrouvé très vite cette solitude qu’il l’a toujours poursuivie et qui a fait de lui un être presque introverti. Le chaâbi, ce compagnon inséparable, l’a-t-il sauvé et soulagé ? Probablement. Car Ammar a quitté si vite l’enfance. Au contact de la musique, il sut qu’il avait trouvé ce qu’il cherchait, un moyen d’exprimer ses émotions, un univers à découvrir qui le protégerait de tout. De la peur, de la solitude, de la tristesse. Jeune donc, il vouait une grande admiration à Boudjemaâ El Ankis, qu’il a d’ailleurs imité à ses débuts. L’élève et le maître se sont par la suite côtoyés, appréciés. El Ankis ne tarit pas d’éloges sur son cadet. « Hamar est un artiste que j’estime beaucoup. C’est un frère pour moi et le meilleur interprète que je préfère écouter. Son travail est bien fait. Dieu l’a doté d’une très belle voix. C’est un perfectionniste dans l’âme, mais qui reste très modeste malgré son talent inestimable », reconnaît aujourd’hui le grand maître du chaâbi qui a animé plusieurs fêtes et mariages aux côtés d’Ezzahi. « Quand je lui parle et le conseille sur telle ou telle chose, il m’écoute attentivement. Dans ce cadre, je lui ai demandé à maintes reprises d’enregistrer ses concerts et d’accorder des entretiens à la presse pour que ses œuvres soient plus connues ainsi que son héritage par les générations futures, mais il a toujours refusé de le faire. Allez savoir pourquoi ? Lorsqu’on essai de s’expliquer cette attitude et cette fuite des projecteurs, il nous dit qu’il veut rester discret et que c’est un secret. » Amimar a toujours été du côté des humbles, des « zaouali » comme il se définit lui-même. Il a ainsi animé sans compter des fêtes gratuitement pour les petites gens aux revenus modestes.

C’est sans doute parce qu’il est l’un des Zaoualiya, que Ammar s’est paré de cette popularité que nul ne peut lui contester. Il l’a arrachée par son talent bien sûr, mais aussi par son acharnement à atteindre l’objectif qu’il s’était fixé. Il savait que pour entrer dans les univers musicaux si variés, il lui fallait des clefs et que seul un travail de tous les instants pouvait les lui donner. Ammar a bossé durement en solo. Un peu perdu, il se laissait bercer par la musique de la mémoire. De ces instants magiques qui remontent à loin,

Hadj El Ankis en garde encore des moments forts. « Il y a environ 40 ans, le cheikh Kebaili Mohamed a circoncit son fils. Il m’a invité pour lui animer la fête à notre Dame d’Afrique avec Omar Mekraza. Pendant le dîner, on m’a informé qu’un jeune allait chanter pour la première fois. C’était Ammar Ezzahi que le grand public ne connaissait pas. Il a commencé par imiter ma voix. Je lui ai donné mon mandole pour chanter. C’était notre première rencontre, et le courant était bien passé entre nous. A le voir chanter avec un timbre de voix assez singulier, je savais qu’il allait percer dans le domaine artistique », avait prédit le disciple d’El Anka. C’est que le petit Ammar a fait du chemin pour appartenir désormais à la lignée des grands maîtres qui se disputent l’héritage musical d’El Anka.

D’ailleurs avec El Ankis et El Hachemi Guerrouabi, il reste l’un des derniers monuments du chaâbi. Mais Ammar, à l’inverse de ses collègues, n’aime pas la publicité sur sa personne. Il a ainsi une sainte horreur des salons officiels, préférant la discrétion aux paillettes des usines à rêves. Il pense que la presse n’a pas de raison à s’intéresser à lui. Ainsi, il refuse les interviews.
Justement à propos de la télévision, les rapports entre Ezzahi et les responsables de l’Unique ont été tout le temps exécrables, fruit d’un énorme malentendu toujours d’actualité. Pourtant, la TV a intérêt à inviter Ezzahi ne serait-ce que pour gonfler son audimat, car le chanteur est le seul, compte tenu de sa popularité, capable de remplir aujourd’hui le stade du 5 juillet avec ses 80 000 spectateurs. C’est un phénomène de société qui n’a pas d’égal.
Ses distances avec le public et la presse ne sont pas synonymes d’une quelconque animosité. Ses proches s’en défendent. « Ammar est un homme de cœur qui aime tout le monde, notamment les gens pauvres avec lesquels il partage ses sentiments et parfois tout ce qu’il possède. Ezzahi est un artiste très sensible, s’il refuse de communiquer avec la presse, ce n’est pas par susceptibilité, mais parce qu’il est convaincu qu’il n’a rien qui puisse justifier la médiatisation. »

Son dernier concert remonte à presque une décennie, lorsqu’il avait fait un tabac à la salle Ibn Khaldoun. Il avait signé son grand retour après une longue éclipse. Depuis, il s’est retiré jusqu’à ce que les enfants de son quartier lui organisent, au crépuscule de ce siècle, une fête en son honneur pour célébrer ses 59 ans. C’est avec son mandole qu’il s’exécuta et chanta avec les tripes les meilleurs morceaux du richissime patrimoine culturel algérois entre autres Youm el djamaâ et Djari ya djari.

En 2002, le chanteur sera hospitalisé en urgence à l’hôpital de Baïnem pour une hyperglycémie. Il se rétablira, alors que l’ENTV - décidément son mauvais génie - l’avait annoncé dans un coma profond, puis pour mort, ce qui avait mis ses fans dans tous leurs états. « C’est honteux pour la télévision de dire pareilles choses alors que Ammar Ezzahi est conscient et reprend progressivement ses forces », ont-il tempêté après le faux scoop de l’Unique. Aujourd’hui, Ezzahi a délibérément choisi une voie marginale qui prive le chaâbi d’une incontestable valeur, qu’il serait regrettable de perdre. Mais comment le sortir de sa solitude et l’entraîner dans la folle ambiance du « heddi », lui le houaoui, le zaouali... Pour Boudjemaâ El Ankis, ce n’est pas faute d’avoir essayé « Pendant les concerts qu’on animait ensemble, il y a toujours eu cette formidable ambiance qui s’est transformée en nostalgie. Avec un seul orchestre, on faisait un carton. Ammar est humain, profondément humain. Il animait des fêtes de mariage, parfois gratuitement et il ajoutait même parfois de sa poche des cadeaux pour les futurs mariés. Beaucoup de jeunes tentent de l’imiter, mais ils n’arriveront jamais à l’égaler, car il est unique dans toute l’acception du terme. »

Il continue à animer les fêtes familiales restreintes. Ses fans le suivent dans les fêtes de famille, et enregistrent sa musique, qu'ils copient et vendent à plusieurs milliers d'exemplaires, en attendent de lui le cadeau tant espéré : qu’il se décide enfin à leur offrir un concert public...
Ses fans Depuis la mort d'El Hadj Mohamed El Anka, connu comme "le Cardinal", Ezzahi a été largement considéré comme son successeur dans une lignée de grands maîtres du châabi, bien qu'il évite les médias et en dépit de la forte concurrence des disciples d'El Anka.




1 commentaire:

SAMIR .M annaba a dit…

le mystère autour de son absence de la scène médiatique reste entier et je n ai toujours pas lu ou entendu une quelconque explication convaincante!!!
cela démontre aussi le manque d’entêtement de nos journaliste et autres intellectuels "spécialistes"du patrimoine chaabi algérien...ils doivent apprendre de leurs collègues étrangers.
Pour moi, qui ne s’intéresse au chaabi qu 'en l’écoutant de temps en temps seulement, je considéré sans être un grand connaisseur que c'est principalement ammar ezzahi qui nous maintient encore connecté avec ce genre musical.
Ce chanteur a quelque chose de mystérieux et de profond qui mérite d’être explicité de son vivant , pour l histoire et la postérité .